Vous êtes maître de votre vie, et qu'importe votre prison, vous en avez les clefs.

Il y a 19 ans je suis venu au monde, dans l'un des hôpitaux de Sydney, en pleine nuit. A 3 heures du matin pour être exacte. Enfin, c'est ce que me disait ma mère car personnellement, je n'en ai aucun souvenir. Je n'ai pas grand chose à dire de plus sur cette partie de ma vie. J'étais un bébé comme les autres qui mangeait, dormait et pleurait la nuit pour empêcher ses parents de dormir. Ma mère en l’occurrence car elle s'occupait seule de moi. Plus tard, voyant que les autres enfants avaient un père et pas moi, elle dû m'expliquer qu'il était mort peu de temps avant son accouchement. Je ne comprenais pas vraiment ce que cela signifiait mais encore très jeune, je me contentai de cette explication. J'ai eu une enfance plutôt heureuse, ma mère et moi étions très proches. Nous vivions dans un petit appartement pas trop cher à Newton, un banlieue dynamique de Sydney. On ne roulait pas sur l'or mais nous avions de quoi vivre dignement. Cette vie modeste me convenait car j'avais des amis, un mère aimante, de bon résultats à l'école et je faisais du surf, sport que j'aimais énormément.
Mais une tâche apparue sur ce tableau harmonieux...J'avais 13 ans.

Perte d'appétit. Perte de poids. Nausées. Vomissements. Fatigue. Douleur.
Alors, un examen médical. Puis, deux. Et, trois. Enfin, le verdict.

Ma mère souffrait d'un cancer depuis longtemps déjà mais personne n'avait rien vu. D'après les médecins, il était déjà trop tard. La maladie s'était propagée a fil des années. Ils pouvaient la ralentir mais pas la stopper. Il ne lui restait qu'une année, tout au plus, à vivre. Quand j'appris la nouvelle, je tombai de mon nuage. Comment était-ce possible ? Pourquoi personne ne l'avait remarqué ? Pourquoi ma mère, pourquoi elle ? Ils mentaient. Il y avait forcément un remède. Elle ne pouvait pas mourir. Ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas y croire.
Cette année là fût la pire de ma vie. Je voyais ma mère s'affaiblir, bien qu'elle faisait tout pour le caché, et je ne pouvais rien faire.
Et comme si cela ne suffisait pas, un deuxième bombe tomba. Mon père n'était pas mort. Elle l'avait rencontré à Sydney, lors d'une fête, il était français et venu ici avec sa famille pour les vacances. Ils avaient passés la nuit ensemble, une simple relation d'un soir. Après cette nuit, elle ne l'avait jamais revu. Il était retourné en France. Plus tard, elle avait appris qu'elle était enceinte et elle avait compris qu'il était le père mais elle n'avait pas de moyen pour le contacter. Mais aujourd'hui, sachant sa fin proche, elle avait fait des recherches et grâce aux réseaux sociaux, elle avait pu retrouver mon père. Elle l'avait contacter, lui avait tout raconter et bien que sous le choc, il souhaitait me rencontrer. J'ai mis du temps à digérer tout ça...

On a deux vies. La deuxième commence le jour où on réalise qu'on en a juste une.

Les choses se sont rapidement enchaînées. Mon père est venue en Australie afin de me rencontrer. On s'est tout de suite bien entendu. On a passé pas mal de temps ensemble pendant deux semaines. Il me reconnut officiellement comme son fils. Ma mère semblait heureuse et soulagée. Puis il a dû retourné en France, où l'attendait son travail et sa famille. Il était mariée et avait une fille plus jeune que moi. Deux mois plus tard, ma mère est morte alors que j'avais 14 ans. 5 ans après, elle me manque toujours autant...
Je suis allée vivre chez lui, en France. J'ai dû tout quitter, ma ville, mon école, mes amis, mes habitudes. Mon intégration en France ne sait pas fait sans mal. Je ne parlais pas un mot de français et les gens étaient tellement... différents. La mentalité n'était pas la même. La culture non plus. Et contrairement à ma mère, mon mère n'avait aucun problème financier. Bien au contraire ! J'ai finalement pris mes marques, je me suis attachée à cette nouvelle famille et j'ai continué mes études. Jusqu'au jour où j'ai reçu cette lettre. Mon père, fier de moi, me poussa à ne pas refuser cette offre unique qui se présentait à moi. Alors sans hésitations j'acceptai. C'était il y a deux semaines.

Soudainement, une voix féminine me tira de mes pensées.

- Vous êtes arrivés à l'île de la Barbade, la dernière escale. Nous espérons que votre voyage s'est bien passé. Veuillez vérifier que vous n'oubliez rien dans l'avion.

Sans écouter le reste du discours de la jeune femme, je rangeai mes affaires. Ça y est, j'étais arrivé.
Une nouvelle vie commençait.